juin 21, 2022

Des maisons et des hommes

On parle beaucoup du développement durable dans la construction de maisons ou immeubles. Des nouvelles lois et normes sortent, pas toujours logiques. Sait on vraiment ce qu’est une construction durable? Faudra-t-il aller vivre dans une mini maison, ou bien une yourte?

Les promoteurs construisent avant tout ce qui se vendra, et ce qui plaît aux acheteurs ou locataires, mais ce n’est pas toujours ce qui plaît à l’environnement. Comme pour mes précédents articles, je me suis appuyée sur mes recherches, mais aussi sur mes échanges avec 2 professionnels. L’un est ingénieur dans les travaux publics, et l’autre est directeur d’une agence immobilière. Je me base toujours sur le Canada et la France, ces pays étant ceux que je connais le mieux 🙂 et qui ont des problématiques similaires dans ce domaine.

Que reproche-t-on aux maisons actuelles? C’est vrai, elles sont beaucoup plus confortables que les cabanes du Moyen Age! Mais sachant que 20% des gaz à effet de serre proviennent du secteur de la construction (d’après le Ministère de la Transition Energétique-France), et qu’il représente aussi plus de 50% de l’ensemble des matières premières traitées dans le monde, on se dit qu’il va falloir faire quelque chose. Aparté: Le GES n’est pas le seul responsable du changement climatique, loin de là.

Voyons d’abord ce que les gens, en général, recherchent. L’année de construction, la taille de la maison, et son emplacement sont les principaux critères. La tendance est aux grands espaces ouverts et aux grandes fenêtres pour avoir une bonne luminosité. Autrefois vu comme du luxe, les acheteurs recherchent aujourd’hui plusieurs salles de bain, une climatisation déjà installée, et du parquet (ou des sols à longue durée de vie). Une attention particulière est portée à la cuisine et à la salle de bains. Le coût des terrains augmentent, surtout à proximité des grandes villes. On voudra donc une grande maison qui occupera la quasi totalité du terrain. La vue dégagée, la proximité avec les écoles, les commerces et l’hôpital sont importants aussi. On veut du vert mais pas d’arbres fruitiers ou à feuilles caduques. Si on prend un peu de recul et qu’on regarde l’évolution des habitudes de logement, d’après l’INSEE, on voit que la taille des logement par famille a augmenté entre 1968 et 2018 d’une pièce environ, surtout en périphérie des villes. Le nombre de résidences principales a doublé, la population a augmenté aussi, mais de façon beaucoup plus faible. On a donc une réduction du nombre de personnes par foyer (2 personnes en moyenne). Et bien sûr, maintenant, on a tous au moins une salle de bains!

Dans le contexte actuel, les matériaux deviennent de plus en plus rares et chers, et les gens sont de plus en plus conscients de l’impact de leur habitat sur l’environnement. Les efforts faits jusqu’à présent (panneaux solaires, façades végétales…) n’étaient pas suffisants car il s’agissait surtout d’initiatives isolées.

Nos dirigeants ont inventé de nouvelles normes pour réduire l’effet passoire thermique de l’habitat (il y en a pléthore). Je voudrais vous parler de la RE 2020 -en France (réglementation environnementale de 2020, imposée à tous les bâtiments construits à partir de 2022). Son but principal est d’améliorer la performance énergétique des bâtiments. Pour cela on privilégiera l’énergie solaire, les pompes à chaleur, les matériaux biosourcés (bois, paille, terre crue…). L’indicateur DH (degré-heures), destiné à mesurer le confort thermique d’un logement, a fait son apparition. Les diagnostiques DPE peuvent devenir problématiques. Un expert va estimer la quantité d’énergie consommée par an, sans tenir compte de la consommation réelle des habitants (donc inutile de vous geler en hiver). Il va s’appuyer sur la part des énergies renouvelables, le système de ventilation, l’année de construction, etc. Si le logement est considéré comme énergivore (note E, F, G), il sera bientôt interdit à la location en France. Je me demande ce que vont devenir les bâtiments anciens des centres villes, la rénovation ne suffit pas toujours. Va-t-on construire plus de logements modernes en périphérie et laisser ceux-ci à l’abandon?

Il semble que pour pouvoir bénéficier d’un habitat durable, donc avec un impact moindre sur l’environnement, la clé soit dans l’isolation. Mais pas que. D’après moi, il est important de densifier les villes, de réduire la taille des logements, en plus d’isoler les bâtiments. Oui: un appartement en ville est plus écologique qu’une maison à la campagne. Les transports en commun sont faciles d’accès, on pèse moins sur l’environnement. Les bâtiments dans un futur proche devront être très bien isolés (pas de courant d’air près des fenêtres, qui d’ailleurs s’ouvriront peu, tout devra être étanche). Ils seront construit avec des matériaux biosourcés (cf plus haut). Le système de ventilation devra être très performant, la température sera régulée grâce à des échangeurs thermiques et aux matériaux. Sur son balcon, on pourra mettre des plantes, et pourquoi pas des fleurs mellifères. Des panneaux solaires pourront être installés sur le toit. Il est très important d’être en accord avec le climat local. Dans les localités au nord du Canada, les panneaux solaires se justifient moins.

La question principale reste celle-ci: êtes vous prêt à réduire votre surface d’habitation? Même si vous pouvez vous payer une surface plus grande que celle dont vous avez besoin?

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