mai 18, 2022

La culture et l’élevage, un ensemble fumant

La situation aujourd’hui, avec bientôt presque 9 milliards de personnes à nourrir (quand même!)

Ce qui est écrit dans cet article est surtout valable pour les pays industrialisés. Je me suis appuyée sur les exemples du Canada et de la France, que je connais très bien. L’agriculture dans les pays en développement et l’environnement fera l’objet d’un autre article. Et attention, je parlerai uniquement de l’élevage et de l’agriculture, pas de la transformation des aliments. Ceci viendra plus tard.

Je vais rester générale pour donner une vue d’ensemble. Il est bien sûr possible d’aller plus loin dans chacun des domaines exposés ici.

L’élevage et l’environnement

Nous avons donc une planète de plus en plus peuplée et une classe moyenne de plus en plus importante. Ces personnes veulent de la nourriture de meilleure qualité. Elles ont une meilleure conscience sociale qu’auparavant et veulent des aliments de provenance locale et durable…et pas chers, et variés, et qui apportent beaucoup de bienfaits santé, non?

Beaucoup d’animaux, aussi bien ovins que bovins, vivent parqués dans de très mauvaises conditions de vie. J’ai travaillé plusieurs années avec les entreprises d’élevage et des abattoirs et la plupart d’entre elles refusaient de me faire visiter leur exploitation parce qu’eux-mêmes avaient honte. MAIS, les consommateurs veulent des produits alimentaires à bas prix. Si ces animaux vivaient dans de bonnes conditions et que leur viande était vendue plus cher, l’achèteriez vous? La proportion des personnes prêtes à dépenser plus pour cela est trop faible pour qu’il y ait un réel changement.

On doit distinguer élevage intensif et extensif:

  • Intensif: Les animaux sont confinés dans des espaces restreints. Cela concerne presque toutes les espèces d’animaux d’élevage, sauf les oies, moutons et chèvres qui ne supportent pas ce mode de vie. Il y a une demande de production végétale non locale (car une très grande quantité est nécessaire) pour nourrir les animaux.
  • Extensif: Les animaux sont dans des prairies (naturelles ou créées par l’éleveur). L’impact est moindre sur l’environnement CHEZ NOUS! Dans les pays en développement, c’est le contraire.

L’élevage intensif est très gourmand en eau et en intrants chimiques. L’eau est nécessaire pour abreuver les animaux, laver les installations, et irriguer les pâtures. De très grandes surfaces sont nécessaires. De plus, les animaux ont une très faible diversité génétique et sont collées les uns aux autres, favorisant les épidémies et les risques d’abattage en masse.

En ce qui concerne les intrants chimiques, vous allez comprendre: 50% des antibiotiques mondiaux sont destinés aux animaux, ce bourrage de médicaments favorise l’apparition de pathogènes résistants. Ils sont largués dans la nature avec les crottes, la consommation de la viande, etc. Comme exemple, on peut aussi parler de l’épandage d’engrais, même naturel. Le lisier a pollué l’eau en Bretagne, au point qu’on a interdit l’accès des animaux aux cours d’eau naturels pour éviter qu’ils n’y défèquent.

Faisons maintenant un état des lieux de l’agriculture

L’industrie agroalimentaire représente près de 3% du PIB au Canada, 12% des exportations, où une forte croissance est prévue. C’est un marché en expansion en partie grâce à la zone Asie-Pacifique où l’augmentation du niveau de vie entraîne un accroissement de la demande. Le Canada est reconnu comme un fournisseur de produits de grande qualité et ayant une forte capacité en R&D (tiens? R&D en agriculture? Intéressant, non?). Dans un futur proche, on prévoit une hausse de la demande en produits laitiers, en protéines de remplacement, en viandes maigres (poulet), et en aliments transformés présentant des bienfaits accrus pour la santé (un lien avec la R&D d’après vous?). POURTANT les investissements dans le domaine de la transformation des aliments sont en baisse: ils sont passés de 3% en 2002 à 2% en 2015. Cela semble contradictoire avec ce qui a été dit plus haut…

Le développement s’axe surtout sur l’innovation et la valorisation des produits agricoles. La concurrence mondiale ne peut plus se faire seulement sur les prix.

Depuis les années 90, le nombre d’agriculteurs diminue, ils sont âgés et n’ont personne pour leur succéder. Il y a peu de nouveaux arrivants dans ce domaine, et donc une pénurie de main d’œuvre. Les difficultés sont nombreuses: le travail est pénible et le prix des fertilisants, très utilisés, a beaucoup augmenté ces derniers mois, réduisant les marges financières. L’état ne donne pas ou peu de directives quant à ce qu’il faut cultiver ou non, les agriculteurs et fermiers sont vus comme des chefs d’entreprise. Prenons une photo du secteur agricole canadien, ce qui donne:

  • Québec: Elevage laitier
  • Ontario: Elevage laitier, soya, maïs
  • Les Prairies (Manitoba, Saskatchewan, Alberta): Agriculture extensive mécanisée, majoritairement composée de canola et blé. L’Alberta pratique aussi l’élevage bovin pour la viande.

La culture des OGM se pratique depuis longtemps, surtout en ce qui concerne le canola, le maïs et le soja.

Le réchauffement climatique amène plusieurs changements, notamment un accroissement de la surface des terres cultivables (actuellement seulement 7% de la superficie totale du Canada convient à l’agriculture). Mais on voit aussi une multiplications d’insectes nuisibles aux cultures…

En France, c’est le même combat, à savoir soutenir la compétitivité, tout en préservant les ressources de la planète. Un point essentiel est de protéger les savoir-faire et notre culture alimentaire. Identité, culture et alimentation sont liés.

Les investissements du gouvernement dans l’agriculture

  • Canada: Le gouvernement a récemment investi 3 milliards de dollars sur 5 ans pour aider les entreprises canadiennes à l’exportation. En 2020, les exportations de produit représentaient 74 milliards de dollars (source: agriculture.canada.ca). Elles étaient composées de produits agricoles et alimentaires, de poissons et fruits de mer et d’aliments transformés. Les principaux clients sont les Etats Unis et la Chine (l’Asie en général prend de plus en plus d’importance).
  • France: Depuis 2015, on assiste à une dégradation de la compétitivité (guerre des prix, installations vieillissantes…), il y a peu d’exportation. 80% des produits français sont consommés en France. Sans les vins et spiritueux on serait déficitaires. Les français sont très sensibles à l’alimentation durable, au goût et à la diversité alimentaire. L’alimentation est liée à la culture et non seulement à la nécessité de se nourrir. Le but des investissements actuels est de revoir le partage de valeur tout au long du cycle (culture-transformation-vente). Il y a aussi un travail de marketing autour du « Made in France » pour rendre les produits français plus désirables à l’international, un peu sur le modèle de « Eataly » pour les aliments italiens.

Que mangera-t-on dans le futur et comment le cultivera-t-on?

Vous l’avez compris il y a 2 défis majeurs, l’augmentation de la population et la protection de l’environnement. Sachant cela, on va modifier notre alimentation. Des sociétés comme Beyond Meat ont plein de projets dans ce domaine. L’humain a besoin de protéines, mais aujourd’hui on en mange trop et l’élevage intensif n’est pas idéal. Heureusement on trouve aussi des protéines dans les insectes (miam!). Ne grimacez pas, 80% de la population mondiale mange des insectes, et nous aussi bientôt! Sinon vous pourrez vous régaler de viande artificielle. Au Canada, on en trouve dans les supermarchés et des chaînes de fast-food comme Burger King en proposent (FlexiWhooper, avec un steak fait à partir de plantes, et j’en ai mangé… j’ai muté, résultat j’écris des articles!) On peut aussi manger des algues, excellentes pour la santé, amateurs de sushis vous le savez déjà. J’avais dit au début de l’article qu’on faisait plus attention aux bienfaits nutritionnels des aliments, dans les aliments artificiels on pourra ajouter du fer, du calcium, voir même les personnaliser pour les personnes malades par exemple.

L’objectif est aussi de faire plus attention au gaspillage et à notre budget: 1/3 des aliments finissent à la poubelle. Il y a une marge d’amélioration, non? On peut aussi penser à mieux valoriser les déchets organiques, mais ce n’est pas une raison pour gaspiller.

De nombreuses recherches sont faites pour répondre aux défis (bonnes pratiques agricoles). On propose notamment:

  • Contrôler l’alimentation animale pour éviter que leurs déjections soient trop chargées en azote et phosphore, très polluants.
  • (Re)planter des haies pour aider la biodiversité. Mon expérience me dit que cela va entraîner des conflits avec les agriculteurs car ils sont nombreux à avoir arraché des haies pour avoir une plus grande surface à cultiver et gagner plus d’argent.
  • Optimiser la fertilisation des sols: en l’analysant (texture, structure, PH…), en pratiquant la rotation des cultures. Moins le travailler (par le labour), favoriser le semis direct, et laisser une partie des résidus de culture se décomposer à la surface du sol.
  • L’acquisition d’une structure étanche d’entreposage des fumiers. Elle permettra de le conserver jusqu’à l’épandage et de réduire son infiltration dans les sols.

Et vous? Vous êtes plutôt cafards et patates modifiées, ou bien steak de plantes et larves? Vous faites un régime?

Sources:

https://www.ic.gc.ca/eic/site/098.nsf/fra/00015.html

https://www.ania.net/presentation-ania/nos-chiffres-cles#:~:text=L’agroalimentaire%20constitue%20le%20premier,sur%20tout%20le%20territoire%20national.

https://www.selection.ca/cuisine/nutrition/nourriture-du-futur/

https://www.geo.fr/environnement/changement-climatique-en-france-que-trouvera-t-on-dans-nos-assiettes-en-2050-206089

https://blog.deloitte.fr/covid-19-transition-modele-agro-alimentaire/

https://www.banquemondiale.org/fr/topic/agriculture/overview#1

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